lundi 28 janvier 2019

Château Noir et Dragons Rouges + Solution Mo5/To7


C'est sur Mo5 que j'ai découvert le jeu vidéo grâce à l'Aigle d'Or, un titre où l'on devait explorer un château en Transylvanie, se frayer un chemin dans un labyrinthe angoissant  jusqu'à des grilles qu'il fallait forcer, découvrir des passages secrets bien cachés jusqu'au fabuleux trésor et ce, en prenant soin de ne pas passer de vie à trépas en affrontant les chauve-souris et les fantômes mais surtout, en regardant où l'on mettait les pieds de crainte de ne finir notre aventure au fond d'une oubliette, oublié de tous. Pourquoi je vous parle de ça ? Et bien, parce que les premiers jeux que l'on à découvert on façonné nos gouts pour la suite et que c'est tout naturellement qu'au fil des années, d'un titre à l'autre, j'ai recherché à retrouver cette ambiance, cette atmosphère.

Le test en vidéo :


Tout ceci m'amène aujourd'hui à vous parler d'un jeu qui n'a pas fait grand bruit à l'époque de sa sortie alors que, vous allez le voir, il mérite le détour.

Ce jeu est Château Noir et Dragons Rouges, un titre sorti en 1985 sur Mo5 et To7, développé par François Leiritz, dont cela semble être le seul jeu, et publié par Vifi Nathan, un éditeur spécialisé dans les logiciels éducatifs.

Niveau packaging, que ce soit la jaquette ou le titre du jeu, tous deux arboraient un côté assez enfantin et laissaient à penser que l'on était en face d'un titre pour les enfants, en fait oui et non mais je vais déjà me concentrer sur la notice.

Cette dernière s'étale sur une vingtaine de pages, présente l'interface, les différentes phases de jeu, les objets ainsi qu'un bestiaire, le tout avec des images pour bien faire le lien. Très bien écrit, elle se dévore d'une traite et de nombreux conseils pour progresser dans le jeu sont disséminés çà et là. Franchement, ce genre de notice fait plaisir à voir, on était pas habitué à ce niveau de détail à l'époque, qui plus est pour un titre à première vue, destiné aux enfants.

Concernant ce que l'on attend de nous, voici ce qui nous était précisé :

Tu devras éviter le dragon qui rôde dans les caves, ne pas marcher sur les traces du monstre de sang, t'emparer de la croix et de la bannière pour anéantir le monstre aux yeux de jade, et repousser à l'aide du bouclier d'émeraude les dragons gardiens des tours... Tous ces périls, tu les affronteras. Et enfin, s'offrira à toi le fabuleux trésor, enfoui depuis des siècles dans le sanctuaire si jalousement gardé du mystérieux château noir. Entre, si tu l'oses, dans le château maudit...

Le titre se présente comme un jeu d'action/aventure où l'on va devoir guider notre chevalier à l'intérieur d'un château aux multiples pièges. Tout commence donc à l'écran titre qui nous donne la possibilité entre l'aventure complète ou un entrainement. On nous explique les différentes étapes qui doivent être respectées dans l'ordre pour mener l'aventure à terme. La partie de droite regroupe nos vies au nombre de trois, notre force qui décroit à mesure des mauvaises rencontres effectuées et notre inventaire. Durant la première phase, nous allons devoir traverser les ruines du château pour accéder aux caves. Les affrontements contre les dragons, dans les tours, sont automatiques et dépendent de notre force. Une fois ces derniers terrassés, on peut récupérer un bouclier.

Au niveau des caves, le concept sera différent puisque l'on sera plongé dans la pénombre et seul un éclair égaré pourra nous renseigner sur le chemin à prendre pour s'équiper d'une épée, un dragon bien trop puissant pour nous va nous stalker durant tout le niveau jusqu'à ce que l'on trouve la sortie vers la crypte.

A cet endroit, le temps s'écoulera plus lentement et il sera nécessaire de récupérer la bannière et la croix pour vaincre le monstre aux yeux de jade tout en évitant les traces du monstre de sang qui augmenteront si l'on tarde trop. Le puits nous mènera vers la dernière partie.

Enfin, dans la grotte et le souterrain, il faudra trouver un passage secret sans croiser le regard de l'oiseau noir.

Ce qui fait la force et l'intérêt de ce titre et la raison pour laquelle j'ai décidé de vous en parler aujourd'hui est que, sorti de son concept à première vue très simple, il existe une multitude de rebondissement. Vous pouvez par exemple tomber dans une oubliette et être obligé de revenir à un point précis du jeu. Les passages secrets vous renvoient à différents endroits mais vous devez mener votre exploration dans un ordre bien précis sans quoi, vous vous ferez occire de façon honteuse. Inutile par exemple de penser accéder au trésor sans avoir vaincu le monstre aux yeux de jade. Aléatoirement est disséminé le chevalier blanc, votre alter ego maléfique qui peut vous retirer une vie. De même, il existe plusieurs passages secrets au niveau de la grotte et si vous trainez en route, vous pourrez finir noyé. La fée apparaîtra à un moment donné pour vous donner un précieux conseil pour la suite de l'aventure…

Enfin, pour récupérer de l'énergie, là aussi, le programme regorge d'ingéniosité. Par exemple, lorsque votre personnage clignote, vous pouvez récupérer de la force, un indice de la notice permet également de récupérer une vie à un endroit bien précis, enfin, il y a un jeu de patience avec l'oiseau noir pour faire remonter sa force.

Château noir et dragons rouges m'a aussitôt fait penser à un autre petit jeu que j'ai découvert sur Amstrad CPC sur le tard : Le Chevalier Blanc. La recette est similaire : Une réalisation toute mimi, des étapes qui s'enchainent sans se ressembler, un gameplay qui change d'un tableau à l'autre et des surprises disséminées derrière chaque pixel. Dites-moi si vous aimez ce genre de petits jeux médiévaux pour que je sache si ça vaut le coup de vous déterrez des raretés comme Chevalier Arthur…

Je n'ai trouvé que deux articles sur le jeu, un de Tilt qui a démonté le titre comme c'était finalement souvent le cas pour les programmes qui sortaient des sentiers battus et qui ne provenait pas du triptyque Infogrames/Titus/Ubi Soft et un autre article de Jeux & Stratégie, élogieux, qui parlait d'un titre parfait pour s'initier aux jeu d'aventure, d'un titre qui se renouvelle sans cesse sans jamais tomber dans la routine. Là aussi, si vous avez connu le jeu à l'époque, manifestez-vous pour que j'évalue la notoriété du programme.

Concernant VIFI, la société fut créée par Thomson et Nathan, une maison d'édition française créée en 1881 d'abord sous la forme d'une librairie, active dans la publication de manuels scolaires et  de livres jeunesse. VIFI eut son heure de gloire dans les années 80 grâce au Plan Informatique pour Tous où elle fut l'un des acteurs majeurs de la fourniture de logiciels éducatifs pour les établissements scolaires. Les auteurs de ces programmes étaient pour la plupart des enseignants passionnés d'informatique en contrat avec Nathan ou VIFI.

D'ailleurs, pour la petite histoire, Sogiciel (éditeur québécois), s'est associé à Nathan pour commercialiser des logiciels sous la marque VIFI tel que la traduction d'un célèbre RPG pour Apple II : Le Temple d'Apshai. Et vous commencez à me connaître, je ne résiste pas au plaisir de vous montrer cette pub d'époque pour Apshai où l'on nous promettait des heures de plaisir solitaire…

La solution en vidéo :


Si je devais donner la définition d'un bon jeu, je serai tenté de dire qu'il s'agit d'un titre qui se renouvelle sans cesse avec des mécanismes simples et qui ne gonfle pas la durée de vie. En ce sens, château noir et dragons rouges est donc un bon jeu et j'en suis le premier surpris car, comme tout un chacun, aux premiers abords, j'ai pensé à avoir affaire à un jeu réservé aux enfants et, par définition, aux mécanismes simpliste et à la durée de vie qui ne dépasserai pas cinq minutes. Grave erreur, car en persévérant, en jouant le jeu, je me suis rendu compte que d'une partie sur l'autre, j'allais plus loin, j'étais plus à l'aise avec le programme et lorsque j'ai pensé maîtriser parfaitement le jeu, c'est là que j'ai compris que j'étais passé à côté de plein de trucs. En bref, même s'il ne vous emmènera pas vers des nuits blanches de folie, Château Noir et Dragons Rouges est un titre soigné, bien pensée, avec différents gameplays qui s'intègrent bien les uns dans les autres pour former un tout cohérent, ce qui donne comme résultat ce titre attachant.

lundi 21 janvier 2019

Solution de Troll sur Sinclair QL

Il y a quelques mois, je vous ai parlé d'un logiciel pour créer des jeux de rôle sur Sinclair QL : Troll édité par Pyramide en 1985.



Aujourd'hui, vous trouverez ci-dessous, à la fois le jeu mais également une vidéo proposant la solution ainsi qu'un guide pas à pas correspondant au module fourni avec le programme : Le Château du Prince Félon.

Rom du jeu + Manuel


(c)
(f)
prends etoffe
e
ouvre porte
ouvre porte
attaque femme
prends baguette
s
o
n
ouvre porte
lance baguette
o
prends champignons
lire parchemin
(note corletyl)
prends anneau
e
e
n
e
n
lire grimoire
parle homme
dire corletyl
prends baton
s
e
prends corde
prends crane
lance corde
grimpe corde
o
s
ouvre porte
o
descends escalier
lance baton
prends baton
e
e
donne crane squelette
parle gnome
oui
prends barre
s
o
o
ouvre panneau avec barre

FIN

jeudi 10 janvier 2019

Solution de Crystal 5 sur ZX81

Et voici la solution complète de Crystal 5 avec un petit montage vidéo dont vous me direz des nouvelles...

Manuel du jeu

Je tiens à remercier chaleureusement Xavsnap pour tout le temps passé à tracer les plans, taper et retaper la solution.


Programme 2 :

(12):"Retour" (lumière)
(10):"Retour" (Monte escalier)
(27),(32):"Retour" (explose serrure au nord)
(35):"Retour" (E)

Code :
"99999999999999999999999999999900BLOOD"
Nota:
- On peut prendre de la vie dans la pièce nord.
- Le code initialise les variables du jeu. Donc, on mets ce que l'on
veut, puis son pseudo.
16 variables "XX", donc 32 caractères numériques, puis le reste avec le
nom du joueur.
A l'écran:
"9999999999999999999999999999990
0BLOOD"[N/L]


Programme 3 :

(35):"Retour" (E)
(33),(35):"Retour" (SE)
Combat:
(23):"Retour" (balles paralysantes)
(33),(35):"Retour" (SE)
"Informations? O"

Programme 4 :

(33),(35):"Retour" (SE)
Nota: On peut fouiller pour interroger l'ordinateur.

(32),(34):"Retour" (NO)
(32):"Retour" (N)
combat:
(24):"Retour" (balles explosives)> 7 points - X points
(24):"Retour" (balles explosives)> - X points
(24):"Retour" (balles explosives)> - X points
 >Si chanceux, on ne meurt pas. sinon 'ESPACE' et RUN<

(32):"Retour" (N)
(30):"Retour" (Fouiller)
"1" > Cabine suivante...
"1" > Cabine suivante...
"1" > Cabine suivante...
"1" > Cabine suivante...
Cabine 5:
"1" > Ouvrir
"1" > Questionner
"2" > Partir...

Fin

mercredi 9 janvier 2019

Interview de Cyril Dufer, auteur de Crystal 5 sur ZX81

C'est au calme, dans une rue pavillonnaire des quartiers Nord de Nantes que je me suis posé devant l'écran, j'avais rendez-vous avec Cyril Dufer, l'auteur de Crystal 5 sur ZX81, interview :

[Blood] En premier lieu, peux-tu te présenter stp ?
[Cyril Dufer] Je m'appelle Cyril, j'habite dans le sud de la France, dans un petit village pas très loin de Toulon et je travaille aujourd'hui dans la sensibilisation à l'environnement.

[Blood] Comment es-tu venu à l'informatique et aux jeux vidéo ?
[Cyril Dufer] Il y a fort longtemps, un peu par hasard, au détour d'une allée d'un supermarché, je tombe sur l’un des tout premiers ordinateurs grand public : le ZX-80. Je me souviens être resté longtemps devant la fiche descriptive où étaient présentées les différentes instructions en Basic disponibles.

Ce fut comme une révélation. J'ai mémorisé ces commandes, puis je suis rentré chez moi écrire mes premières lignes de code sur un cahier. J'ai dû passer plus d’une année à gribouiller dessus des centaines de petits programmes, sans savoir, bien entendu, s'ils pouvaient ou non fonctionner.

En 1981, sors le ZX-81. J'achète la version en kit, à monter soi-même. Une superbe machine équipée, comme tu le sais, d'un petit Ko de mémoire. On m'offrira même pour Noël, l'extension à 16Ko.

[Blood] Et je présume que c'est là, de fil en aiguille qu'est né l'idée de faire Crystal 5 ?
[Cyril Dufer] Comme beaucoup d'ados, à cette époque, on passait quelques soirées, entre amis, à jouer à des jeux de rôle. La fusion entre les deux fut évidente.

[Blood] Vous jouiez à quels jeux de rôle par exemple ?
[Cyril Dufer] Tu m'en demandes beaucoup... J'avais plusieurs groupes d'amis, qui jouaient avec des règles différentes. J'étais un peu un électron libre, passant d'un groupe à l'autre, avec des scénarios, des époques et des mondes différents.

[Blood] Il y avait un jeu de rôle dans un univers SF auquel tu jouais ou l'inspiration SF de Crystal 5 provenait d'ailleurs ?
[Cyril Dufer] Crystal 5 est l'adaptation d'un de ces jeux. J'ai essayé de simplifier les règles et de retranscrire l'ambiance que l'on pouvait trouver durant ces soirées.

[Blood] Te souviens-tu, par hasard, du titre de ce jeu de rôle plateau ?
[Cyril Dufer] Malheureusement non. On m'avait prêté le scénario... Et je n'ai plus les multiples notes et schémas que j'avais pu faire à l'époque.

[Blood] Donc, venons-en à Crystal 5, comment s'est passé le développement ?
[Cyril Dufer] De ce dont je me souviens, c’était relativement long ! 3 parties, chacune remplissant entièrement la petite mémoire de la machine de l'époque. Beaucoup de lignes de code pour essayer de retranscrire l'histoire de cette base spatiale, perdue sur la planète Crystal 5.

[Blood] Tu avais quel âge ?
[Cyril Dufer] J’étais dans ma première année de lycée. Je devais avoir une quinzaine d'années.

[Blood] A l'époque, c'était encore original de proposer un RPG dans un univers SF, pourquoi ce choix ?
[Cyril Dufer] J'avais une petite préférence pour les jeux de rôle contemporain ou de l'univers SF... N'adhérant pas trop à l'univers médiéval-fantastique (peut-être un sacrilège pour les puristes ;-) ).

[Blood] Y a-t-il des RPG qui t'ont inspiré pour créer Crystal 5 ? En toute franchise, je ne sais pas s'il y en avait sur ZX81...
[Cyril Dufer] Il est probable que ce soit le tout premier portage d'un jeu de rôle sur ordinateur. Quelques mois (ou années) après, la presse spécialisée avait justement titré un article sur Crystal 5 dans ce sens.

[Blood] Quels sont les livres ou films SF qui ont bercé ta jeunesse, ton enfance ?
[Cyril Dufer] Comme beaucoup à cette époque : 2001, Star Wars, Alien...

[Blood] Donc plusieurs mois de travail, un huis clos, 3 parties, 2 enregistrements audio pour le début et la fin et après tu t'es donc mis à la recherche d'un éditeur ?
[Cyril Dufer] Cela peut paraître un peu dingue, mais je pense avoir mis presque un an à le développer. Je faisais cela un peu le soir et le week-end... revenant souvent sur le scénario et modifiant et simplifiant les actions.
C’était un travail long et laborieux. Beaucoup de lignes de code, à écrire, réécrire et déplacer en fonction de l’avancement du jeu. Le copier/coller n'existait pas et la souris n’avait pas encore été inventée.

Ces lignes, que ton équipe de dingue et toi-même avez réussi à ressusciter et que j’ai pu voir, m'ont replongé quelques belles décennies en arrière. J'ai retrouvé également avec plaisir les versions audio. Si mes souvenirs sont bons, c’était deux copines, Édith et Nathalie, qui avaient enregistré ces parties.
[Blood] Merci pour l'anecdote :-)

[Blood] Et donc, concernant AGB, l'éditeur, comment s'est effectué le contact ?
[Cyril Dufer] A la fin de l'année, le projet était bouclé : un programme qui tournait, des parties audio pour se mettre dans l'ambiance, un mode d'emploi, une jaquette... J'ai envoyé le tout à une dizaine d'éditeurs qui étaient très actifs sur ZX-81. AGB a été le premier à me répondre et à me proposer un contrat d'édition.

[Blood] Que stipulait le contrat, tu l'as encore ? Est-ce que, par exemple, tu avais des royalties ou juste un fixe ? Et surtout, c'est tes parents qui ont géré ça, je pense, vu que tu étais mineur ?
[Cyril Dufer] Malheureusement, je n'ai plus aucune trace de tout cela. C'était un pourcentage sur les ventes, et il est vrai que c'était mon père qui avait réglé cette partie. Peut-être que le jeu marchait assez bien, car quelques semaines après, AGB m'envoie le ZX-Spectrum pour que je puisse l'adapter sur cette nouvelle machine.

Si je ne dis pas de bêtises, à intervalle régulier, l'éditeur m'envoyait un petit chèque. Oh pas bien important, mais significatif pour le marché de niche que représentait le jeu vidéo de l'époque...

[Blood] Combien a rapporté le jeu et à combien d'exemplaires s'est-il écoulé ?
[Cyril Dufer] Très difficile à dire. Peut-être quelques centaines de francs. Je pense qu’il y avait un engouement pour les jeux de rôle, et le fait que l'on puisse en trouver un sur ordinateur a joué en ma faveur. Et puis, existaient ces petites innovations (les 3 parties chainables, les enregistrements audio) qui font que la presse spécialisée l'a plutôt bien accueilli.

[Blood] Donc au niveau des retours, aussi bien des joueurs que de la presse, c'était comment ?
[Cyril Dufer] La presse l'avait accueilli avec bienveillance. Le magasine Tilt l'avait même classé dans les 20 meilleurs jeux sur ZX-81.

Mais je n'ai jamais eu un seul retour de joueur... Avec le recul, je pense qu'il y avait une certaine aura pour l'univers dans lequel ce jeu évoluait, mais peut-être que la jouabilité n'était pas au rendez-vous. En fait, c'est toi, en tant que premier joueur que je rencontre, qui va enfin pouvoir me dire...
[Blood] Le background est passionnant, mais la liste d'action à choisir est un gameplay assez lourd que l'on retrouvait très fréquemment sur les jeux avec de l'ambition de l'ère 8 bits. L'arrivée de la souris quelques années plus tard a permis de simplifier cela.

[Blood] De quoi te souviens-tu concernant le jeu ? Une anecdote en particulier te revient ?
[Cyril Dufer] Je n’ai plus aucun souvenir du jeu en lui-même. Il me tarde de le redécouvrir, quand je vais enfin le lancer sur mon ordinateur.

[Blood] Donc AGB t'a offert un ZX Spectrum pour réaliser le portage de Crystal 5, mais à ma connaissance, il n'existe pas de portage justement ?
[Cyril Dufer] Non, tu as raison. Un jour AGB a disparu des écrans radars... et je n'ai jamais envoyé la version finale pour cette machine.

[Blood] Tu l'avais fini ? Te reste-t-il la cassette?
[Cyril Dufer] J'étais sûr que tu allais me poser la question ! ;-)
Malheureusement, je ne sais pas du tout où l’enregistrement a pu atterrir. J’espère qu’il n’a pas fini à la poubelle, après un énième déménagement.

[Blood] Qu'est-ce que tu avais changé entre la version ZX81 et ZX Spectrum ?
[Cyril Dufer] Le scénario était le même. C'est surtout les graphismes, la couleur et le son qui étaient enfin de la partie.
[Blood] Ah, ça donne l'eau à la bouche !

Donc après Crystal 5, tu as sorti ou tu voulais sortir un autre jeu ?
[Cyril Dufer] Après le Bac, je rentre à l'université et je travaille en même temps au développement de petits programmes ludiques et interactifs pour le plan IPT (Informatique Pour Tous). Des programmes qui se retrouvaient dans les classes de collèges, sur les fameux MO5 et TO7 de Thomson.

On était une petite équipe de développeurs qui produisait des softs sans grande prétention. Essentiellement pour mieux appréhender quelques notions de math, abordées dans les programmes scolaires.

[Blood] Tu bossais pour FIL (France Image Logiciel) ?
[Cyril Dufer] Je ne pourrai te dire… C’était une boite de la région Paca, qui alimentait un réseau de distribution de ces programmes.

[Blood] Et après le passage par la case Thomson, tu as continué à développer des programmes ?
[Cyril Dufer] Avec certains des membres de cette petite équipe, à la fin de mes études, on ouvre un centre serveur télématique (nous sommes en pleine révolution Minitel). Le développement devient alors Videotext !

[Blood] C'est à dire ? Que faisiez-vous exactement ?
[Cyril Dufer] On développait et hébergeait l’ancêtre des sites internet (qui tournaient avec des accès 3614 ou 3615) pour différentes grandes sociétés. C’est une aventure qui a duré deux ans, puis on a revendu la boîte et je suis entré comme enseignant à l’université.

[Blood] Tu étais prof de quoi ?
[Cyril Dufer] D’informatique pardi ! Plus exactement des sciences de l’information et de la communication.

[Blood] Et du coup, fini le jeu vidéo ?
[Cyril Dufer] J’avais un peu de temps libre. J’en profite alors pour développer deux ou trois utilitaires pour PC…

[Blood] Quels types d'utilitaires ?
[Cyril Dufer] Un premier : Synops’tools, pour explorer le contenu multimédia de ton disque. Puis un second : i-Covers pour retrouver facilement des jaquettes de films. C’était des petits programmes gratuits qui remplissaient bien leur rôle.

[Blood] Par contre niveau RPG, après Crystal 5, voulais-tu en refaire un ou est-ce que finalement, c'était juste l'occasion, à l'époque ?
[Cyril Dufer] Ca été mon premier et dernier jeu. J'ai également abandonné l’univers des jeux de rôle à la fin du lycée.

[Blood] Et niveau jeu vidéo, y a-t-il des titres qui t'ont marqué au fil des ans ?
[Cyril Dufer] Aïe ! Si je te dis que je n’ai jamais connu que le solitaire et le démineur… Je n’ai jamais été un grand joueur.
[Blood] C'est pas grave, j'ai toujours été nul au solitaire :-p

Et aujourd'hui, quelle est ton actualité qui te fait voyager aux quatre coins de la France ?
[Cyril Dufer] Après une dizaine d’années à enseigner à l’université, j’ai eu envie de changer d’horizon… Aujourd’hui, je donne dans la conférence-spectacle dans le domaine du développement durable. De belles images projetées sur grand écran, un rythme dynamique et l’interactivité du public au moyen de boîtiers de vote électronique. Un bon moment à passer. Faudra que tu viennes voir cela quand je serai vers chez toi.
[Blood] Avec plaisir :-)

As-tu un message pour les fans du ZX81 ?
[Cyril Dufer] Le ZX-81 ? Un ordinateur et des logiciels qui aujourd’hui peuvent paraître ridicules, mais qui ont permis, à leur manière et à une certaine époque, de développer et démocratiser l’informatique grand public. Cette petite machine fait partie de l’histoire ! En tous cas un grand bravo à toute ton équipe de passionnés, qui de manière bénévole et sur votre temps libre, avez la lourde tâche de ne pas laisser sombrer aux oubliettes ces petites perles sur lesquelles on s’extasiait à l’époque. Soyez-en ici remercié !

[Blood] Merci à toi, tu m'as donné tellement d'infos que je ne sais pas ce que je vais bien pouvoir ajouter de plus concernant Crystal 5...
[Cyril Dufer] Merci à toi pour tout ce que tu fais.

Interview réalisée par Blood le 9 Janvier 2019 pour le Blog Arkalys Project. Encore merci à Cyril Dufer pour sa patience et sa gentillesse de m'avoir accordé cette interview.

mardi 8 janvier 2019

Crystal 5 sur ZX81

1985 fut l'année de sortie d'un RPG futuriste tombé complètement dans l'oubli : Crystal 5. Les habitués du Facebook le savent, c'est depuis Juin dernier que je me démène pour gratter la moindre info sur ce titre. Aujourd'hui est un grand jour car le jeu a été récupéré, dumpé, fini, l'auteur a été retrouvé et interviewé !

Semaine spéciale Crystal 5 donc avec pour commencer, cette petite vidéo de présentation. Je vous donne rendez-vous demain pour l'interview et jeudi pour la solution.

Ci-dessous, vous trouverez le dossier en vidéo ou au format écrit, à votre convenance et bien entendu, la rom du jeu :

Rom du jeu pour ZX81




C'est en Juin dernier que je vous ai parlé pour la première fois de Crystal 5, un RPG futuriste sorti en 85 sur ZX81. Vu que le jeu n'avait jamais été dumpé, j'ai passé ces derniers mois à contacter l'auteur qui a eu la gentillesse de me prêter sa version mais il fallait encore que je trouve des personnes à même de m'aider à réaliser le dump. Mais ce n'était là que le début puisqu'il fallait également jouer au jeu, puisque c'était un peu le but initial et tant qu'à faire, le finir. Puis, il y a une semaine, j'ai donc eu la chance d'interviewer son auteur et une dernière pièce s'est ajoutée au puzzle de toute cette histoire : Crystal 5 est inspiré d'un jeu de rôle papier : Méga.

C'est en 1984, en pleine super 5 mania que Jeux & Stratégie, un magazine consacré aux jeux de rôle, aux wargames et aux jeux vidéo, sorti un numéro spécial qui fera date puisqu'il proposait les règles d'un jeu de rôle complet pour le prix d'un mensuel : Mega de Michel Brassinne et Didier Guiserix.
L'idée étant de jouer des messagers galactiques capables de passer d'une dimension à une autre en passant par un vortex, ici appelé tetra head, afin de vivre des missions dans dans environnements variés tels que la science-fiction bien entendu, l'uchronie mais également la période contemporaine ou bien encore l'histoire mais tout en conservant, d'une partie sur l'autre leurs souvenirs, leurs expériences. Dans chaque mission, nos messagers galactiques devaient comprendre le monde dans lequel ils avaient atterris et tâcher d'y apporter une réponse, résoudre un conflit, Sliders avant l'heure.

Le titre a fait un carton et a permis de démocratiser le jeu de rôle par chez nous si bien que d'autres versions verront le jour, tout d'abord, toujours sous la forme de supplément pour le même magazine, Mega 2 en 1986 suivi en 1992 de Mega III pour le magazine Casus Belli puis une version distribuée gratuitement sur la toile, Mega 4 en 2004 et finalement, la dernière monture : MEGA 5e Paradigme qui lui, est sorti en Octobre 2018 !

C'est en 1985, qu'un étudiant, Cyril Dufer, décidera de rendre hommage à la licence en produisant un jeu vidéo sur ZX81 : Crystal 5. Le titre a été produit par A.G.B., une boîte d'Orléans dirigée par Alain Bregeon qui se fera connaître, quant à lui, deux ans plus tard sur Amstrad CPC avec Le Passager du Temps.

Le jeu se distinguait dès l'entrée en la matière puisque un enregistrement audio sur la cassette du programme servait d'introduction. Le speech était que l'on était envoyé sur une autre planète, dans une base abandonnée où 12 hommes avaient disparus, dès lors, il nous incombait de mener l'enquête afin de comprendre ce qui s'était passé. Un dernier message nous demandait de ne pas prendre de risques inconsidérés si l'on découvrait qu'ils étaient tous morts. L'ambiance était posée.

Avant de mettre le pied sur la base, on nous rappelait le contenu de notre paquetage et l'on pouvait choisir un nom, bien dans l'esprit RPG vers lequel le jeu souhaitait nous voir plonger. Les statistiques étaient allouées automatiquement et une liste de 36 actions allait nous permettre d'interagir avec notre environnement. Il était nécessaire de tracer un plan pour s'y retrouver et finalement, la base n'était pas si abandonnée que ça puisque l'on tomberait rapidement sur les nouveaux habitants des lieux, et sur leurs enfants ! Les combats étaient au tour par tour et n'impliquaient pas beaucoup le joueur mais au moins, on pouvait utiliser notre rayon laser contre des monstres à la manière de Flash Gordon !

A mesure que l'on touchait au but, l'on passait d'une partie à l'autre, le jeu étant décomposé en trois phases. Entre la première et la seconde, un mot de passe empêchait les tricheurs d'aller plus loin. Plus on progressait, plus les combats étaient nombreux et paradoxalement, moins il y avait d'options. 

Ainsi, durant la dernière partie, les compétences disparaissaient et la moindre erreur était sanctionnée par la mort. La conclusion du jeu nous était livrée sous la forme d'enregistrement audio, comme pour l'intro.

Toute sa force, tout son potentiel, Crystal 5 ne le dévoilait pas aux joueurs qui allaient en ligne droite car en faisant cela, on se privait de tout le background, toute l'atmosphère. Par contre, en flânant en chemin, on pouvait s'imprégner des derniers moments qu'avaient vécus nos camarades car sans rien dévoiler, il s'était clairement passé quelque chose. C'est le magazine Tilt qui avait dit du programme qu'il s'agissait d'un bon jeu d'aventure et de rôle, très complet pour le ZX81 et ils avaient raison, cet ordinateur a eu le droit des jeux sincères, fait avec l'envie de faire plaisir plus que d'exploser les ventes et Crystal 5 est clairement de cette trempe. 

Après, inutile de tirer sur l'ambulance, le jeu est en noir et blanc, ne propose pas de graphisme, il a été édité par une petite boîte il y a 33 ans et jusqu'à aujourd'hui, personne avant moi n'avait pris la peine de le dumper donc je ne vais pas vous dire que j'ai trouvé le Wasteland Français méconnu. En revanche, ce que je peux vous dire est que pour peu vous soyez quelqu'un de patient pour qui les images du jeu ne vous rebutent pas, essayez Crystal 5 : A ce jour, premier et dernier hommage à Mega et qui arrive à créer une ambiance lourde et pesante malgré sa réalisation datée, ce qui en soit, est tout de même un exploit.